• Zoe Willis, Author |
5 minutes de lecture

La notion de main-d’œuvre habilitée par l’intelligence artificielle n’est pas une invention futuriste : la transformation de nos tâches par l’IA a déjà commencé. Et plutôt que d’attendre de voir comment l’intelligence artificielle générative changera la donne, les entreprises devraient se mettre de la partie… et chercher à la gagner. Quelle que soit votre vision des affaires, qu’il s’agisse de favoriser la compétitivité, de stimuler la productivité ou d’augmenter les ventes, il vous faut réfléchir à la façon dont vous pourrez tirer parti de l’intelligence artificielle, et de l’IA générative en particulier, pour réaliser cette vision.

Des personnes sont déjà en train d’utiliser la technologie pour rehausser leur productivité, qu’il y ait ou non une politique officielle à ce sujet chez leur employeur. En fait, KPMG au Canada a découvert à l’issue d’une nouvelle étude qu’un·e Canadien·ne sur cinq utilise des outils d’intelligence artificielle générative dans le cadre de son travail ou de ses études. Parmi ces personnes, 67 % disent que l’IA générative leur permet d’accomplir plus de travail qu’ils ne le seraient capables autrement.

Les effectifs qui ont des outils d’IA à leur disposition ont vu leur productivité monter en flèche : les gains sont comparables à ce que l’on a constaté à l’arrivée des ordinateurs personnels. Les cols blancs font partie des personnes qui profitent le plus de l’IA. Elle leur permet de simplifier des tâches comme la recherche, la planification et l’analyse de données. Pour les organisations qui commencent tout juste à s’intéresser à l’IA générative, un cadre de l’IA responsable pourrait contribuer à protéger l’entreprise tout en habilitant la main-d’œuvre.

Attention : habiliter ne signifie pas remplacer
Nous craignons tous et toutes que l’intelligence artificielle finisse par nous remplacer, mais la réalité est plus nuancée. Les modèles d’IA offrent un moyen de produire des résultats créatifs, informés et novateurs dans une variété de domaines. Plutôt que de remplacer les emplois, ils permettent de les enrichir et aident à augmenter la production en exécutant des tâches à une échelle autrefois inimaginable.

La main-d’œuvre habilitée par l’IA aura aussi un rôle essentiel à jouer puisqu’elle interviendra dans les modèles d’IA, devenant ainsi « l’humain dans la boucle ». Elle devra par exemple évaluer les résultats de l’IA par rapport à l’objectif de départ, vérifier si ces résultats respectent les exigences, et veiller à éviter les risques tels que les atteintes à la propriété intellectuelle, les inexactitudes et les biais. Puis, selon les conclusions de cette évaluation, elle pourrait devoir modifier le contexte ou ses directives.

La relation puissante entre l’humain et l’intelligence artificielle contribue à l’atteinte de résultats significatifs et garantit l’utilisation responsable de l’intelligence artificielle. L’« humain dans la boucle » fournit non seulement le contexte et des détails au modèle d’IA pour que ce dernier produise des résultats pertinents, mais il doit aussi comprendre que certaines commandes pourraient occasionner des biais inhérents. C’est pourquoi les travailleurs et travailleuses d’expérience qui possèdent une connaissance approfondie du contexte ont un rôle inestimable à jouer dans le paysage de l’IA générative.

J’observe depuis plus de 20 ans les tendances et les nouveautés dans le domaine de l’IA, et je suis persuadée que les plus récentes avancées marquent un changement profond de l’accessibilité informatique. Au cours de notre étude, nous avons découvert que plus de la moitié des travailleurs et travailleuses (55 %) affirment que l’IA générative leur fait gagner d’une à cinq heures par semaine, et 65 % disent que l’IA générative joue désormais un rôle essentiel en les aidant à gérer leur charge de travail.

Ces gains réalisés laissent davantage de temps pour innover. Si l’intelligence artificielle prédictive s’appuie sur les données pour anticiper les nouvelles tendances, l’intelligence artificielle générative agit plutôt à la manière d’un « artiste créatif » dans la sphère de l’IA pour créer du contenu nouveau et complexe à partir des algorithmes d’apprentissage profond.

Pourtant, le potentiel de l’IA générative demeure largement inexploité et non vérifié. Alors qu’elles sont en présence d’un trésor de créativité et d’innovation qui ne demande qu’à être exploré, les entreprises doivent composer avec des questions de gouvernance, de sécurité, d’éthique et de résidence des données au moment où elles cherchent à intégrer l’IA générative à leurs activités.

Pour le bon fonctionnement de votre cadre de travail
La main-d’œuvre habilitée par l’IA n’est pas qu’une utilisatrice de celle-ci. Ce sont plutôt des personnes qui profitent des avantages que leur procurent les modèles d’IA tout en veillant à ce que l’information demeure protégée et privée. Un cadre de l’IA responsable, évolutif et compréhensible, permettra en effet aux effectifs de mettre en valeur tout le potentiel de l’IA générative — et leur propre potentiel par la même occasion. Ce cadre assurera aussi la fiabilité de l’ensemble. Or, sans un cadre de l’IA responsable, il pourrait arriver que des membres du personnel fassent courir des risques à l’organisation.

Selon notre étude, 10 % des personnes sondées qui utilisent l’IA générative disent qu’elles incluent des données financières privées sur leur entreprise dans leurs commandes à l’IA générative, et 13 % utilisent des données sur les clients, y compris le nom de ces derniers. Pour ces employeurs, il est impossible de faire demi-tour. Que les entreprises aient ou non adopté officiellement l’IA générative, il est impératif d’instaurer des politiques et de mettre en place des garde-fous pour garantir son utilisation responsable.

Le processus commence par l’élaboration et la mise en œuvre d’un cadre de l’IA responsable. Celui-ci devra reposer sur la transparence, l’éthique et la bonne gouvernance et inclure des politiques, des pratiques et des outils de gestion des risques. Il devra aussi intégrer un solide plan de gouvernance qui traite de l’intégrité des données, de la confidentialité, de la fiabilité, de la reddition de comptes, de l’équité et de la sécurité et qui comprend des mécanismes qui obligeront les travailleurs et travailleuses à respecter les règles.

En plus d’un cadre de l’IA responsable, l’amélioration des compétences du personnel est un passage obligé. Après tout, la technologie n’a de valeur que si les personnes qui l’utilisent le font bien. Le perfectionnement du personnel devrait comprendre une formation sur les principes de l’IA responsable et sur l’utilisation efficace – et sécuritaire – de ses cadres et outils en milieu de travail. En parallèle, il importera également d’entretenir une culture propice à la curiosité et à l’innovation, où la possibilité d’expérimenter de nouvelles technologies dignes de confiance et sécurisées sera encouragée et récompensée.

Cap sur l’avenir
Les entreprises ne devraient pas tarder à prendre des décisions entourant l’IA générative. Les membres de leur personnel sont déjà en train de s’approprier l’IA générative et de s’en servir au travail, qu’elles en aient ou non connaissance. Les entreprises qui mettent des outils d’IA et un cadre de l’IA responsable entre les mains de leur personnel sont beaucoup mieux placées pour stimuler leur rendement actuel. Elles se donneront aussi toutes les chances de s’améliorer sans cesse au fil du temps.

Publication multilingue

Cette publication est aussi offerte dans les langues suivantes :

Tenez-vous au courant de sujets qui vous intéressent.

Inscrivez-vous aujourd’hui pour avoir accès à du contenu personnalisé en fonction de vos intérêts.